Ma relation avec le vin elle a en fait commencé avec des cubis dégueulasses à 5 € ! Rien de très excitant… Mais c’est aux États-Unis que tout a changé. Ma femme étant étasunienne j’y ai vécu 4 ans. J’y ai travaillé en tant que caviste puis sommelier. Sans le savoir à l’époque, j’ai eu la chance de découvrir le vin en goûtant de tout. Des vins français, des vins américains, de tous les cépages, de toutes les couleurs, des vins industriels, des vins d’artisans. J’ai compris que même si je le voulais, je n’arriverais pas à tout savoir, tout comprendre, et que c’était bien mieux ainsi.
C’est en tant que sommelier que j’ai vraiment compris ce qu’il était en train de se passer en France. Tous les jours, je voyais arriver des bouteilles folles, ces vignerons qui travaillaient différemment, des gens qui étaient fiers de leur terroir, mais qui ne vouaient pas toujours un culte à leur AOC, des gens à qui on avait dit que ce n’était pas possible de faire du vin sans chimie de synthèse et qui finalement sans emmerder personne, le faisaient de manière remarquable.
Nous voulons travailler avec du vivant ! Depuis le début le vin doit être vivant. Cela implique un travail avec la vigne. Le vin se fait en vigne ! Bordel. On s’interdis tout désherbant de synthèse. Nous sommes là pour soutenir la biodiversité ! La nature est faite ainsi, nous multiplions les différences pour être plus stables et plus efficaces, c’est un peu la base. Dans nos vignes, vous verrez une grande diversité de fleurs et d’insectes, tout ce petit monde se retrouve sur le raisin. Les levures qui se développent sur le raisin, elles sont vivantes elles aussi, on veut de la diversité partout ! Toute cette philosophie part du sol jusqu’à la bouteille. À l’école on vous apprend à tout contrôler et tout rectifier. Nous voyons nos vins un peu comme des enfants : notre rôle ce n'est pas de leur dire ce qu’ils vont devenir, c’est de les accompagner pour devenir ce qu’ils veulent devenir.
NOS VALEURS


L’argument contre ça c’est que si on laisse un vin sans rien faire il va faire du vinaigre. Forcément, si on laisse un enfant sans cadre, il va devenir un peu sauvage. Nous avons besoin de nuance de nos jours ! Ce n’est pas parce qu'on veux laisser les vins se faire qu'on ne fais rien. Mais comme avec les enfants, nous voulons laisser au vin de la liberté pour s’exprimer. Passer son temps dans la peur de ce qui peut mal se passer n’est pas une très bonne philosophie de vie. Nous préfèrons mettre tout en place pour que tout se passe bien et si vraiment un jour il y à un problème, on agit. Dans les faits, il est bien aisé de répliquer une recette tous les ans : mettre 30 gr de ci, 30 gr de ça, pour ne pas avoir de problème. Mais ça, ce n’est pas vraiment du vin, c’est de la chimie. C’est intéressant et ça demande des compétences, mais ce n’est pas vraiment du vin… À l’inverse dire que l’on vendange un raisin et on n’y touche pas, quoi qu’il arrive, c’est aussi la solution de facilité. C’est plus dur d’être sur le fil, de travailler au cas par cas. Mais pour nous c’est le plus honnête. Notre l’objectif c’est le pur jus : sans aucun intrant. C’est l’objectif pour tous les vins. Mais nous débutons! On apprends, on prends nos marques. Nous ne venons pas de familles de vignerons, nous revendiquons le droit de faire des erreurs !





