LA FABULEUSE HISTOIRE DE
la bonne pioche

Ma relation avec le vin elle a en fait commencé avec des cubis dégueulasses à 5 € ! Rien de très excitant… Mais c’est aux États-Unis que tout a changé. Ma femme étant étasunienne j’y ai vécu 4 ans. J’y ai travaillé en tant que caviste puis sommelier. Sans le savoir à l’époque, j’ai eu la chance de découvrir le vin en goûtant de tout. Des vins français, des vins américains, de tous les cépages, de toutes les couleurs, des vins industriels, des vins d’artisans. J’ai compris que même si je le voulais, je n’arriverais pas à tout savoir, tout comprendre, et que c’était bien mieux ainsi.
C’est en tant que sommelier que j’ai vraiment compris ce qu’il était en train de se passer en France. Tous les jours, je voyais arriver des bouteilles folles, ces vignerons qui travaillaient différemment, des gens qui étaient fiers de leur terroir, mais qui ne vouaient pas toujours un culte à leur AOC, des gens à qui on avait dit que ce n’était pas possible de faire du vin sans chimie de synthèse et qui finalement sans emmerder personne, le faisaient de manière remarquable.

On a tous des bouteilles qui ont changé nos vies et je peux en citer quelques-unes. Il y a eu “Valinère” de Barral, je me souviens parfaitement me dire, “Ok, si je ne dois boire plus qu’une bouteille ça sera celle-là”. Je me souviens recevoir les vins de Quentin Bourse et me dire, mais qu’est ce qu’il se passe en France là ?! Y’a des trucs fun de tous les côtés, des trucs ultras bien fait et pas snob ! Et puis je me souviens de Champ d’Orphée de Stéphane Lucas à Gaillac, goûté à l’aveugle. J’étais persuadé de ne jamais avoir goûté un truc pareil. J’étais perdu. Quand on m’a dit, c’était un Gaillac, ça a fait TILT. Merde ! qu’est ce que je fous ici ?! Je suis à l’autre bout de la terre à admirer des femmes et des hommes dans mon propre pays, dans MA région et je ne fais rien ?! Du coup j’ai dit aux vignerons américains autour de moi que je voulais faire du vin !

J’ai commencé un Bac Pro CGEA Vigne et Vin par correspondance, je travaillais la théorie le matin avant d’aller au travail le soir. J’ai fait mon stage chez Deirdre Heekin et Caleb Barber à La Garagista. Je voulais apprendre les recettes, je voulais savoir combien de grammes de sucre il fallait dans le raisin, je voulais connaître les températures, les processus. Je voulais devenir vigneron quoi… Et au final, j’ai appris à rester à ma place. J’ai appris que le/la vigneron(ne) est juste un membre de l’équipe, qu’on n’est pas au centre. Que c’est la plante qui nous dit quoi faire, et pas le contraire. J’ai compris plus tard que les vignerons ne m’apprendront pas des techniques, mais des philosophies de travail. Et que c’est à moi de trouver la mienne. Dit comme ça, c’est un peu Star Wars…

Le Bac Pro en poche, je suis revenu avec femme et bientôt enfant, au pays ! Je suis allé faire un tour chez les Bretons à côté de Bourgeuil. Je me suis fait copain avec Armand-de-Tilly, juste à côté. Je suis allé dans le Minervois, je me suis lié d’amitié avec Pierre Lavaysse du Petit Domaine de Gimios. Enfin on a vadrouillé ! Et finalement on a posé nos valises à Gaillac ! Bernard Plageole, toujours enclin à donner un coup de main, m’a présenté un viticulteur du coin et me voilà installé à Castelnau de Montmiral !

(attention c'est long)

10/01/2024: C'est avec émotion que j'écris ces nouvelles lignes. Il y a plus de 4 ans que j'ai commencé à faire du vin. Autant de temps entre le paragraphe précédent et celui-ci. Il y a telement de choses qui ont changées en 4 ans! Donc, dans un premier temps, j'ai déménagé ma cave! j'ai posé mes cuve juste a coté de mes vignes, et ça c'est un luxe, surtout à Gaillac. Et puis au moment où j'écrivais les lignes précédentes, je n'avait qu'un seule millésime en jambes et à peine mis en bouteille! Je le savait déja, mais chaque anné se suit mais ne se ressemble pas. Et ça va bien plus loin que la météo. Nous faisons partis de cette équations, nous sommes des êtres vivants nous aussi. Entre temps j'ai eu le temps de crée et de fermer une micro brasserie. J'en conviens ce n'était la meilleur idée du monde quand on commence sa carriere de vigneron et qu'on s'apprete a avoir un enfant. Mais ça m'a appris beaucoup de chose sur moi même. Et notament que devant une épreuve ou une difficulté j'ai tendance à essayer d'en faire trop alors qu'il faut rester concentré et faire les choses lentement et bien. Et que quand on essaye de faire trop de choses a la fois, la variable d'ajustement sont les gens autour de vous. Et ça c'est injuste. 

... à continuer